Elle fait partie d'un groupe de voleurs du Texas depuis qu'elle a 16 ans • Elle n'a jamais parlé à personne de ce petit "hobby" pas même ses proches • Elle prétexte des voyages pour des conventions ou des séminaires lorsqu'elle a un coup de prévu • C'est une dingue de travail, elle peut parfois même rester des jours entiers sans rentrer, dormir ou manger plus qu'un ou deux fruits juste pour terminer son travail • Elle a un caméléon qu'elle a appelé Maurice • Elle a perdu son père dans un crash d'avion quand elle avait 7 ans • Elle a par la suite perdu sa mère d'une leucémie quand elle avait 15 ans • Elle a peur des oiseaux, quels qu'ils soient mais tente de se contrôler en public • Elle adore le sport et court tous les jours une quinzaine de kilomètres • Elle est une grosse mangeuse, elle serait capable de manger deux ou trois portions et d'avoir encore faim après • Elle cuisine très bien mais en général n'en parle pas parce qu'elle n'a pas envie de devoir cuisiner pour tout le monde • Elle parle plusieurs langues dont le français, l'allemand et l'italien • Elle comptait faire chirurgienne ou sage-femme lorsqu'elle a commencé ses études, mais après Katrina elle a décidé de devenir médecin légiste •

« Oui. Oui. Je serai là demain dans la matinée. Rendez-vous à 9 heures 30. Comme d'habitude. Oui. Bonne soirée. »

Un ton calme, posé, très professionnel, voilà le quotidien de mes coups de fils sur mon téléphone pro. C'est normal, en même temps. Ah, au fait, moi c'est Delia. Delia Rosaline Claiborne. J'ai eu 28 ans cette année, je suis née ici à la Nouvelle-Orléans, et depuis la fin de mes études je suis médecin légiste. Bon, n'allez pas croire pour autant que je suis du genre gothique ou quoi, LOIN DE LA! Le premier qui dit ça, je lui plante un talon de Louboutin dans l’œil. Droit ou gauche, au choix. Enfin bref. Qu'est-ce que je pourrais raconter sur moi?.. Je me disperse un peu, tant dans mes pensées que dans la préparation de mon sac de voyage. J'en aurai pour un ou deux jours, un petit séminaire et hop, retour à la maison. Disons que je n'ai pas vraiment de point d'attache. Enfin, au sens où je n'ai pas fondé de famille, tout ce petit bordel quoi. J'ai des amis, et ma "sœur" mais ce n'est pas pour autant que je ne vais pas vivre ma vie. Quand je parle de ma sœur, je parle en vérité de ma meilleure amie. Disons que notre vie est relativement compliquée. Pour faire court, je suis orpheline. Depuis un peu plus de 10 ans maintenant. Presque 15 en fait. Prenons l'histoire du début. Mes parents, les parents d'Anastasia (ma meilleure amie) étaient inséparables depuis de longues années. On passait toujours tout notre temps chez les uns ou les autres. Donc évidemment, Ana et moi on a fini par se considérer comme des sœurs. Même si physiquement on a pas grand chose à voir l'une avec l'autre. Quoi qu'il en soit, au fil des années les choses ont changé. Lorsque j'avais 6 ans, mon père nous a quitté. Il était chef d'entreprise et était parti en voyage d'affaire. Sauf qu'au voyage du retour, l'avion dans lequel il était s'est crashé. Il ne faisait pas partie des survivants. Au début ça avait vraiment été difficile, j'en ai même un pincement au cœur en y repensant. Normal en même temps. Puis ensuite, quand j'ai eu 14 ans, ma mère a été touchée par la leucémie. Il n'a fallu qu'un an pour qu'elle ne passe l'arme à gauche. Deuxième coup dur. J'avais 15 ans à l'époque. C'est ensuite que je me suis retrouvée à habiter chez les Queen. Ils m'ont adoptée et je leur en suis très reconnaissante. Un rapide coup sec sur la tirette du sac que je viens de finir de préparer et me voilà prête à partir pour l'aéroport. Bon, je l'avoue, je ne vais pas au Texas uniquement pour une conférence que je présente. Et non, ce n'est pas non plus parce que ma tante (du côté de mon père) habite là-bas. Mais plutôt pour ce que j'avais "découvert" là-bas une fois lors de vacances chez ma tante un an environ après la mort de ma mère. On est un groupe. Mais personne ne le sait à part les membres de ce dernier. C'est facile. Nous sommes des voleurs. On fait des coups plus tordus les uns que les autres. Et on s'est jamais faits prendre. Peut-être l'avantage d'avoir une légiste dans le groupe: on sait comment faire disparaître des preuves. Je crois que jamais je ne parlerai de ça à qui que ce soit. Enfin, j'en sais encore rien mais pour l'instant personne ne le sait à part moi et ma conscience. Je saisis mon sac, attrape mes clés et me regarde une dernière fois dans le miroir, un sourire aux lèvres, avant de sortir de chez moi en claquant la porte derrière moi pour être sûre qu'elle est bien fermée. Je balance mes affaires sur le siège passager de ma voiture puis m'installe au volant avant de démarrer direction l'aéroport. Disons que tout ça... C'est un peu ma bouffée d'air pur. Mon moyen de m'échapper de mon quotidien. La mort de mes parents, Katrina qui a tout ravagé ici, etc... J'en ai bien besoin je crois.